lundi 18 décembre 2017

Comme un ours mal léché

Les ours, bruns ou blancs, sont d’impressionnantes icônes populaires et compensent leur aspect pacifique par un instinct de prédateur orné de griffes et de crocs de grandes tailles. Ils bénéficient en outre d'un capital de sympathie à peine entamé par les quelques terribles accidents mortels dont ils sont responsables depuis le XIX siècle.

Photographie de la société des antiquaires de Picardie, Le montreur d'ours - 14Fi70/54 ; N CH 699 - Plaque de verre, négatif noir & blanc - 9 x 12 cm


Autrefois abondant en Europe, l'ours se prête plutôt bien aux exercices que lui inculquent, souvent dans la douleur, ses premiers maîtres.
En effet, pendant longtemps la meilleure manière d'apprendre à danser à un ours s'est bornée à le placer sur une plaque de métal chauffée par le dessous. Ainsi pour tenter d'éviter les brûlures, l'animal se dresse naturellement sur ses pattes postérieures et esquisse, du point de vue du dresseur, ce qui ressemble à une danse. Il ne faut pas très longtemps pour que la malheureuse bête assimile le lien entre musique, chaleur et douleur.

De plus, les facultés d'apprentissage de la douce créature, sa bonhomie, son allure touchante et pataude, ont largement contribué à effacer sa sauvagerie auprès du public et bien peu de spectateurs l'assimilaient, au bout du compte, à un fauve.

Par ailleurs, les chevaux, les ours, les singes et, dans une moindre mesure, les chiens, ont été longtemps les partenaires traditionnels des tziganes. Peu exigeants, faciles à entretenir, résistants aux conditions les plus rudes, ces animaux sont devenus emblématiques du voyage et la plupart des gravures qui illustrent l'existence de ces compagnies errantes montrent l'une ou l'autre de ces bêtes devenues à leur tour, au même titre que la musique et la bonne aventure, des symboles précieux du peuple tzigane. Il est resté un efficace partenaire pour les circassiens et les forains qui semblent avoir pris le relais des tziganes à la fin du XIX siècle.


Le saviez-vous?

Le poil de l'ours blanc n'est pas blanc mais translucide. C'est la réflexion de la lumière qui donne la couleur blanche à son pelage. Sa peau est quant à elle noire afin d'absorber au mieux la lumière pour conserver au maximum la chaleur solaire, mais ne se voit pas sous son épaisse fourrure.  

dimanche 3 décembre 2017

Journée internationale des handicapés

Dès 1801-1802, Louis-Claude Petit de l'Ecole de Médecine de Paris, évoque dans sa thèse que l'amputation est sans nul doute l'opération chirurgicale recquierant le plus de connaissance de la part du médecin opérant. Elle ne nécessite effectivement pas que dextérité et rapidité d'action de sa part, ce dernier doit aussi savoir juger sainement du besoin réel d'une telle opération, déterminer le moment le plus favorable à sa réalisation ou encore choisir le protocole le plus adapté.

Un cul-de-jatte à côté de l'Ecce Homo, rue Dumont-d'Urville à Cayeux-sur-Mer - 14Fi4/19 P ROS 4/19 (1900-1910) - Photographie noir & blanc - 13 x 18cm.


Le danger de l'amputation, compétence du chirurgen mis à part, réside dans les accidents qui en résultent : la douleur post-opératoire, l'inflammation exaltant la sensibilité de la zone amputée, la suppuration des ligaments et des nerfs, ou encore les désordres circulatoires occasionnés par le reflux sanguin.

Les opérants ne doivent jamais s'écarter d'une règle fondamentale ayant mis du temps à être pleinement assimilée par les corps médicaux : pour ce type de chirurgie, il ne faut jamais emporter d'autres parties en plus de celles qui méritent d'être sectionnées. L'amputation ne doit être qu'une ultime ressource pour conserver la vie du malade. Il est notamment arrivé qu'une jambe entière soit amputer lorsqu'il n'y avait qu'une partie du pied qui était affectée. Les chirurgiens ont d'ailleurs souvent prononcé en diagnostic que les entorses, les caries, les ankiloses ou encore les impacts de balles ou d'éclats de bombes exigeaient l'amputation. Une partie cependant s'est élevée contre la pratique abusive de cette opération.

De plus, le chirurgien Germain Leviels expose dans son essai de 1802-1803 que les cas d'amputation pour des blessés par balle, notamment aux membres inférieurs, doivent êtres précisement restreints. Selon lui, c'est surtout la profondeur de la balle et la complexité de la blessure qui déterminent l'aval ou non d'une amputation. Au niveau de l'articulation du genou, la destruction de vaisseaux sanguins dont les artères, couplée à des fractures trop fragmentées du trio fémur-rotule-tibia, peut justifier la section du membre.


Le saviez-vous?
Douglas Bader eut un accident de voltige en 1931, ce qui lui valut une amputation des deux jambes. Grâce à des prothèses en aluminium, il devint l'un des plus grands pilotes anglais de la Seconde Guerre mondiale avec 22 victoires confirmées. Prisonnier en 1941, il reçu une nouvelle paire de prothèses au cours d'un bombardement mais ses geôliers finirent par les lui confisquer à cause de ses tentatives d'évasion.